Silvio Carella nous fait quelques confidences à l’occasion de l’évènement annuel du Cercle d’escrime Franco-Cubain qu’il préside depuis 2015.

 

Bonjour Silvio, vous êtes le président du Cercle d’escrime Franco-Cubain depuis 2015 qui organise le 8ème CHALLENGE INTERNATIONAL CEFC le dimanche 15 mai. Pouvez-vous nous en dire plus ? 

 

La première édition du Challenge CEFC a eu lieu en 2013 ; il s’agissait  de créer un tournoi à Paris, au fleuret, pour les jeunes catégories. Au cours des ans, le Challenge CEFC a réuni des M9, M11, M13 et parfois M15. Mais la difficulté d’organiser six compétitions la même journée nous a conduits à nous concentrer sur 3 catégories seulement , et nous avons retiré les M15. 

Le Challenge CEFC est aussi une compétition qui aspire à un excellent niveau sportif, sérieuse, engagée, mais aussi, et c’est tout aussi important, inclusive et festive. Il est primordial que les jeunes athlètes – et les jeunes arbitres- s’y sentent bien et que le public soit content d’assister à cet évènement.

Il est inscrit depuis 2018 au calendrier du CIDE de Paris dans la catégorie M13. Nous sommes aussi affiliés à la Fédération Française Handisport depuis 2015 et c’est tout naturellement que le tournoi est ouvert aux jeunes athlètes en fauteuil depuis la 6ème édition (2018).

Nous pouvons organiser cette compétition grâce à l’appui de Cédric de Royal Escrime et du Crédit Mutuel qui participent directement à sa réalisation ; le Comité interdépartemental d’escrime de Paris nous aide également beaucoup en mettant à notre disposition divers équipements. Et puis nous pouvons compter aussi sur la Ville de Paris, l’Agence Nationale du Sport et la Fédération Française Handisport qui nous soutiennent avec leurs financements.

 

Vous parlez beaucoup de mixité et d’inclusion. En quoi est-ce important au CEFC ?

8ème édition du Challenge du CEFC

Ces valeurs sont fondamentales pour Maître Eddy Patterson, et c’est à partir d’elles qu’il a construit le CEFC. Il s’agit d’un engagement social, bien sûr, mais il prend ses racines dans la grande Histoire quand les paysans cubains ont dû prendre les armes pour se défendre dès avant le XIXe siècle. Bref, dans sa genèse l’escrime est aussi un moyen de se défendre contre les inégalités et les ségrégations ; d’ailleurs ce n’est pas pour rien qu’il s’agissait de l’un des sports les plus pratiqués en France jusqu’aux années ’50…. 

Maintenant, je sais que cela ne fait pas forcément plaisir à tout le monde, mais dans les milieux sportifs on rencontre encore beaucoup de problématiques d’exclusion, notamment la misogynie, ou l’accueil des handis, sans parler d’autres problématiques sociales… Or le grand intérêt du sport est justement de permettre  la mise en place d’un espace sain d’inclusion et de mélanges de toute nature, et l’escrime s’y prête particulièrement bien.

 

« C’est une discipline riche et accessible à tout le monde que ce soit du point de vue physique ou financier et que l’on peut pratiquer à tout âge. « 

 

D’ailleurs, c’est bien l’association de personnes issues de tous les milieux, de sexes et d’âges divers, dans des situations physiques et psychiques différentes qui permet de véritablement progresser dans la pratique de l’escrime en favorisant l’adaptation, l’observation et l’esprit d’équipe. Cette mixité donne tout son sens aux notions de respect des autres, d’autonomie, de tolérance qui constituent les valeurs fondamentales de l’escrime aux côtés du dépassement de soi, de la rigueur, la loyauté et du plaisir.

Le club accueille des personnes en situation de handicap moteur (escrime fauteuil) et déficient⋅es visuels (Escrime DV). Les athlètes handisport partagent leur temps d’entraînement aux mêmes créneaux que les valides. 

Lors du Challenge CEFC, depuis l’édition 2018, le règlement de la compétition permet à un athlète en situation de handicap de participer au tournoi. Tous les athlètes s’inscrivant à la compétition s’engagent à se mettre en situation lorsqu’ils affrontent un tireur handisport. Cette volonté d’inclusion est au centre du projet du CEFC depuis sa création, et nous concrétisons depuis plusieurs saisons cette volonté désormais bien engagée.

 

parade du club

 

Le club a connu une très forte croissance en l’espace de quelques années. Comment expliquez-vous ce succès au fil des saisons ?

 

Je pense que c’est tout simplement dû à l’équipe encadrante qui est incroyablement généreuse et fait des efforts permanents d’attention et d’animation.

Le credo de Maître Eddy,  notre directeur, est de promouvoir l’escrime pour toutes et tous, ce qui, d’emblée, rend le club accueillant. Puis les maître⋅sses d’armes veillent vraiment à chacun⋅e des adhérent⋅es avec des mots et des attentions personnalisés : conseils, encouragements, accompagnement adaptés à chaque membre. En somme, ils sont à l’écoute. Franchement, que ce soit pour les jeunes ou les adultes, on se sent bien car on est tous accompagnés et jamais personne n’est mis⋅e à l’écart ! Et les efforts accomplis sont toujours valorisés ; comment ne pas y trouver son compte de nos jours ? En plus l’équipe prévoit chaque année un programme d’animations épatant : déplacements sportifs et culturels en France et à l’étranger, animations dans le quartier, et aussi des fêtes régulièrement avec de la musique et des spectacles vivants. On n’a pas vraiment le temps de s’ennuyer et cela donne des envies à d’autres bénévoles de s’impliquer et de lancer de nouveaux projets… L’un de mes meilleurs souvenirs fut il y a quatre ou cinq ans quand nous avions organisé une croisière d’escrime sur la Seine, vous imaginez un peu, tirer au fleuret tout en passant sous le Pont-neuf !

 

Vous êtes escrimeur vous-même au fleuret. Que diriez-vous à celles et ceux qui sont curieux de débuter l’escrime ? 

 

En un mot ? Que c’est vraiment un sport formidable !!! C’est une discipline riche et accessible à tout le monde que ce soit du point de vue physique ou financier et que l’on peut pratiquer à tout âge.

J’avais quelques a priori au début : sport de niche ; particulièrement onéreux ; réservé  seulement à quelques personnes ; trop dur à commencer après 45 ans… Mais en fait il n’en est rien ! Perso j’ai découvert ce sport par hasard : à 6 ans ma fille voulait faire de l’escrime et nous avons juste cherché un club dans notre quartier, puis en l’accompagnant et en voyant le travail des maître⋅sses d’armes auprès des adhérent⋅es j’ai compris que je pouvais essayer, et j’ai franchi le pas. Depuis je suis un mordu de ce sport !

Avec un système associatif, la pratique devient tout à fait abordable, et puis je me rends compte maintenant que les maître⋅sses d’armes sont des personnes  ouvertes et généreuses, peut-être sous des abords parfois un peu austères mais qu’il suffit d’aller leur parler. Le plus dur est juste de franchir la porte des salles d’armes, mais, croyez-moi, ça en vaut vraiment la peine ! D’autant que je me rends compte qu’il y a des lieux de pratique presque partout, même, c’est vrai, s’il faut parfois chercher un peu….

Je constate que tout le monde peut pratiquer l’escrime, peu importe le genre, l’âge ou la condition physique : en fait la médiation de l’arme, dans un assaut entre deux combattant⋅es tend à réduire tous les écarts. Bien-sûr les capacités physiques sont importantes, mais ce n’est vraiment pas tout en escrime : en maniant bien son fer, que ce soit par intuition ou à force d’entraînement, une septuagénaire est tout à fait à même de terrasser des jeunes taureaux de 20 ans ! (je l’ai de mes yeux vu il y a quelques années). Souvent il suffit juste d’être malins pour marquer quelques points, ou de faire un peu de théâtre. Parfois on peut rencontrer des mauvais coucheurs sur les pistes, mais c’est somme toute plutôt rare, et le plus souvent c’est du pur bonheur : physique, sportif et social.

 

démonstration aux enfants d’escrime en fauteuil

 

« … Les feuilles d’inscriptions sont bien remplies, mais il reste encore de la place… »

 

Enfin je tiens à dire que je ne suis pas particulièrement fleurettiste : mes entraînements sont au sabre et à l’épée deux jours par semaine et, hélas, je n’ai pas, pour le moment, le temps pour faire aussi du fleuret ! Mais en définitive ces cloisonnements entre fleurettistes, épéistes et sabreurs me paraissent insignifiants : nous sommes des escrimeurs et des escrimeuses, diantre ! Et je suis prêt à relever n’importe quel défi au fleuret : grâce à l’escrime j’ai appris à devenir un « meilleur individu », et ça, ça vaut toutes les défaites possibles sur une piste. D’ailleurs, en escrime, rien que le fait de se présenter face à un adversaire est déjà une victoire.

Au club c’est avec le fleuret que les escrimeur⋅ses de moins de 13 ans débutent, cette arme permet d’enseigner une bonne tenue des athlètes, très formatrice d’un point de vue moteur et technique. Dès la catégorie M13 des ateliers aux 3 armes sont mis en place pour diversifier les pratiques. Nous sommes convaincu⋅es que l’enseignement des 3 armes permet une grande diversité et une grande richesse dans la pratique.

 

 

Pour revenir sur le challenge, quelles sont les modalités d’inscription ? Reste-t-il encore de la place ? Et cherchez-vous encore des bénévoles ?

 

Cette saison, nous avons conservé l’inscription via l’extranet, et via notre secrétariat (secretariat@cefc.fr), toutes les infos pratiques sont sur notre site http://cefc.fr.

Depuis 2 saisons, nous fonctionnons avec HelloAsso, ce qui nous permet de dématérialiser certaines démarches d’inscription grâce au web.

Les feuilles d’inscriptions sont bien remplies, mais il reste encore de la place, et puis, à vrai dire, il s’agit d’enfants qui ont envie de passer une bonne journée d’escrime, donc nous ferons de notre mieux pour permettre même aux retardataires de participer à notre challenge.

Du côté de bénévoles nous disposons d’une équipe bien fournie; mais si des bonnes volontés venaient à se présenter nous aurions toujours des tâches et des actions à leur confier !

 

Merci Silvio pour tous ces détails! Pour les curieux qui veulent en savoir plus sur le club, vous pouvez accéder à l’historique du challenge CEFC. Nous vous espérons donc nombreux au challenge et pourquoi pas dans l’un des 37 clubs de la capitale?

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