Dramaturge, comédien et metteur en scène, enseignant l’escrime artistique à l’U.S.I. Escrime d’Ivry-sur-Seine, Philippe Penguy dévoile un beau brin de plume dans Fleur de bataille aux éditions Complicités.
Dramaturge, comédien et metteur en scène, enseignant l’escrime artistique à l’U.S.I. Escrime d’Ivry-sur-Seine, Philippe Penguy dévoile un beau brin de plume dans Fleur de bataille (*), un roman historique dans lequel il évoque une aventure de Fiore dei Liberi, premier maître d’armes italien (né vers 1350 et disparu vers 1420) : durant les quelques mois où dei Liberi est embauché par le marquis Nicolo III d’Este, duc de Ferrare, pour parfaire ses connaissances du duel. Entre amour, jalousie de certains hommes de guerre et conflits avec les rivaux du prince, ce séjour est riche en rebondissements…
Qu’est-ce qui vous a poussé à plonger dans l’histoire de ce maître d’armes célèbre du Moyen Âge ?
Philippe Penguy : Cela remonte aux années 2000 quand j’ai créé la section escrime artistique à Ivry-sur-Seine. Dès le début, j’ai voulu aller plus loin dans la connaissance de l’escrime ancienne et je me suis intéressé à ses racines historiques. Bien sûr, outre les manuscrits de Hans Talhoffer, qui venait du sud de l’Allemagne, il y avait, côté italien, le traité de Fiore dei Liberi : Fleur de bataille. Avec un partenaire et ami, malheureusement disparu depuis, Alexandre Bourguignon, nous avons beaucoup travaillé pour comprendre et décrypter la méthode de ce maître qui proposait un système complet d’arts martiaux européennes.
Quelle est la spécificité de son traité ?
P.P. : Dès le départ, j’ai été frappé par son escrime « intelligente ». De fait, dei Liberi prend toujours en compte l’adversaire, s’adapte à celui qui est en face, indique comment réagir face à un opposant plus jeune, plus vieux, grand, petit…. Son enseignement n’est jamais figé. Et il traite aussi bien du duel en armure, à cheval qu’à pied, et avec différentes armes. C’est un manuel très exhaustif.
De là à nourrir un roman de fiction de la vie de ce maestro, en y intégrant une histoire d’amour, il n’y a avait qu’un saut à faire. Quel fut le déclic pour passer à l’action ?
P.P. : Comme beaucoup d’intermittents du spectacle, la crise sanitaire m’a forcé à l’inaction. Même si j’ai écrit plusieurs pièces, je n’avais pas trouvé le temps de me lancer dans un roman historique. Au départ, Fleur de bataille était d’abord un scénario. Étant confiné, j’ai profité pour mener de pair l’écriture d’un scénario et celle de ce roman.
Qu’est-ce qui a été le plus difficile dans cette écriture ?
P.P. : Il était stimulant de replonger dans ce Moyen Âge italien, de raconter ces principautés éparses sans unité depuis la fin de l’Empire romain. Indéniablement, le plus délicat a été de rendre accessible l’univers de l’escrime. Je n’ai pas écrit pour les puristes de lame, même si j’ai veillé à ne pas faire des erreurs techniques, mais pour un large public.
Pourquoi le Moyen Âge vous touche-t-il à ce point ?
P.P. : Cette époque, longue, a souvent été méprisée et mal comprise. Heureusement, certains historiens nous ont remis les idées en place. En fait, il est déjà très européen. Et des maîtres d’armes comme dei Liberi ou Hans Talhoffer sont des gens qui voyageaient dans toute l’Europe pour enseigner leur art. Et ils n’étaient pas les seuls…
Nourri de bien des rebondissements, de trahisons, Fleur de bataille semble conçu pour permettre une suite…
P.P : Ce sont les premiers lecteurs qui m’ont fait cette remarque mais cette fin « ouverte » n’était en rien calculée. Pour l’instant, je suis en train d’écrire une autre histoire où l’escrime sera encore centrale. S’il y a suite à Fleur de bataille, ne sera donc pas dans l’immédiat…
Propos recueillis par François Cardinali
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